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Besançon – de Novembre 2021 à Novembre 2022 : un an de pollution visuelle par les fascistes.

Le 19 novembre 2022, la restauration de la statue de Victor Hugo située Esplanade des Droits Humains créé la polémique : alors que sa restauration n’est encore pas achevée, certains la trouve beaucoup trop bronzée (article Est Républicain : Polémique autour des nouvelles couleurs de Victor Hugo).

Sur ce, dans la nuit du 20 au 21 novembre les défenseurs locaux de la race blanche vont juger bon de « laver l’affront » en commettant un « white face » : repeindre en blanc le visage de la statue, et cerise sur le gâteau en ajoutant dans l’une des main de la statue une pancarte « White Power » ornée de croix celtiques.

Cette action sera revendiquée par « des nationalistes locaux » dans un post sur le canal Télégram Ouest-Casual qui sert de média de diffusion à tous les groupes néo-nazis de France.

Sauvegarde d’écran de la page Télégram du groupe Ouest Casual

Un an auparavant dans la nuit du lundi 29 au mardi 30 novembre, c’était le buste d’Henriette de Crans qui avait été recouvert de peinture orange. Plusieurs croix gammées avaient également été retrouvées gravées dans l’écorce des arbres à proximité de la statue. (article CAB : Le buste d’Henriette de Crans vandalisé: Une violence faite à toutes les femmes !)

D’un vandalisme à l’autre, nous allons dans cet article essayer de faire la liste (non-exhaustive hélas) d’une année de pollution visuelle orchestrée par les fascistes bisontins.

Cette rétrospective de novembre 2021 à décembre 2022 va peut être vous sembler un peu brouillon car elle implique plusieurs groupes politiques d’extrême-droite (Cocarde Étudiante, Action Française, VDL BSK, Génération Z), mais il faut garder à l’esprit que ces groupes ne sont pas « hermétiquement » fermés, ils sont tous reliés entre-eux : plusieurs militants faisant parti (même de façon temporaire) de plusieurs groupes à la fois.

Rappel de la période électorale en guise d’introduction :

Il n’aura échappé à personne que la première partie de 2022 a été marquée par la campagne présidentielle.

A Besançon, les stickers Zemmouroïdes sont apparus en nombre, voir en surnombre jusqu’à la veille du premier tour. Accompagnés tout aussi nombreux de ceux de la Cocarde Étudiante (les militants de la Cocarde faisant parti de Génération Z, la section jeunesse du parti Reconquête), rare sont les gouttières et les panneaux de signalisation qui ont été épargnés par la propagande d’extrême-droite.

Fort heureusement, ce type de collages ne tient guère longtemps à Besançon. Aussitôt signalés, aussitôt arrachés ou recouverts. Même si on doit avouer que vu le nombre d’affiches et de stickers d’extrêmes qui ont été collés, il y a eu certainement de nombreux oublis.

Par contre, on se doit de signaler la disparition quasi complète de la propagande RN à Besançon pendant cette période. Cela étant certainement dû au retournement de veste des militants de la Cocarde en début d’année, qui de colleurs pour le RN sont devenus les sbires de Reconquête.

1/ Février 2022 : Diffamations et menaces

En février 2022, suite à l’ « accueil antifasciste  » fait au bus de campagne du RN à Besançon et aux affiches rappelant le passif du parti de Marine Lepen ( voir articles du CAB ), la réaction de l’extrême-droite ne se fait pas attendre…

Le 22 février, des affiches ciblant directement notre camarade Toufik de Planoise apparaissent un peu partout au centre-ville. Les responsables de ce collage accusent Toufik de propagande terroriste (en soutenant la libération de George Ibrahim Abdallah), d’insultes envers les forces de l’ordre (en appelant à soutenir les victimes de violences policières), et d’appel au meurtre d’opposant politique (une vieille blague : « quatre murs, c’est trois de trop »).

Mais à cette œuvre de diffamation, s’ajoute une menace envers les militant-e-s de gauche : « On vous voient (sic) détruire notre pays ! » Qu’y a t’il de sous-entendu? Seraient-ce des menaces ? Ce serait très ironique, et hypocrite, de la part de ce militants d’extrême-droite de faire de telles menaces après avoir qualifier un militant antifasciste de violent voulant mettre en place des pelotons d’exécution.

2/ Dégradations des collages féministes

Comme partout ailleurs le 8 mars correspond à la journée internationale des droits des femmes. Plusieurs évènements ont eu lieux à Besançon, et lors des manifestations le collectif des Colleuses a œuvré à recouvrir les murs bisontins avec des messages dénonçant les violences sexistes et patriarcales. Ces collages (plus ou moins vite nettoyés par les services municipaux) ont continué tous le mois.

Ce qui n’a pas l’air d’avoir plu aux militants de Génération Z, qui non seulement ont arraché les collages mais par fierté masculiniste ont signé de plusieurs Z, en ajoutant de temps en temps des commentaires misogynes.

Quelques exemples de dégradations

3/ Avril 2022 : Stickers nazis, Cocarde et Vandal Besak

Samedi 9 avril, des amis aperçoivent les membres de la cocarde Étudiante avec des néo-nazis attablés au Bar de l’U, à proximité de la Faculté de Lettres. Ce qui sera confirmé par la suite sur le canal Telegram Ouest-Casual : le groupe posant sur les marche du kiosque Granvelle non loin de là.

Une petite balade matinale permettra de nettoyer la ville d’un grand nombre de stickers de la Cocarde Étudiante, des Vandal Besak mais aussi des Infréquentables Dijon dont les stickers arborent l’insigne SS utilisé par les divisions en charge des camps de la mort : la totenkopf (concernant cet insigne SS : voir ici)

4/ Encore en avril : tags nazis à travers Besançon

A Besançon, il y a déjà eu quelques croix gammées et croix celtiques de-ci de-là sur les murs. Mais 2022, c’est une véritable recrudescence de graff néo-nazis. Croix celtiques, inscriptions GUD, les chiffres 14 et 88 (14 en référence au slogan de David Lane composée de 14 mots – voir ici; et 88 correspondant à 2 fois la huitième lettre : HH, soit Heil Hitler)

Mais aussi des runes Odal, rune couramment utilisée par les suprémacistes blancs, et qui a été également utilisée par la Jeunesse Hitlérienne. Des « Zone FAF » en extérieur et même dans des halls d’immeubles du centre-ville. Ainsi que quelques croix gammées, que la ville à prestement nettoyer ne laissant qu’une vague trace sur certains murs de la rue Bersot.

5 / C9M : un marquage de territoire

Petit rappel historique : Le 7 mai 1994, à Paris Place Denfert-Rochereau, le GUD et les Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires de Serge Ayoub appellent à manifester contre le cinquantième anniversaire du débarquement américain en Normandie. Des militants du Front National de la Jeunesse mais aussi de l’Œuvre française dont Sébastien Deyzieu sont également présents. Le rassemblement n’est pas autorisé et rapidement des affrontements ont lieu avec la police, obligeant les manifestants à quitter la place. Sébastien Deyzieu coursé par des policiers se réfugie dans un immeuble rue des Chartreux et trouve la mort en tombant du toit de l’immeuble. Hospitalisé, il meurt deux jours plus tard, le 9 mai. Le Comité du 9 mai (C9M) qui regroupe le GUD, l’œuvre française et les JNR est aussitôt créé. Dès lors et depuis presque 30 ans, des membres de l’extrême droite radicale prétextant la mort de l’un des leurs paradent dans les rues de Paris. (Source : La Horde – Histoire et actualité des mobilisations du 9 mai)

Pour 2022, le C9M ratisse plus large que la région parisienne et transmet affiches et stickers à tous les groupuscules fachos qui souhaitent coller dans leur ville, et ainsi marquer un « territoire ».

Les stickers ne comportent aucun slogan : outre la date, l’heure et le lieu de rendez-vous loin de Besançon (Paris Port-Royal), les seuls éléments sont une reproduction d’un bas-relief d’Arno Breker, le sculpteur officiel du régime nazi, et une rune de Týr, un symbole guerrier utilisé par certaines divisions SS.

C’est le cas à Besançon, où dans la soirée du 4 mai nos néonazis locaux collent plus de 300 stickers dans le centre-ville et dans le quartier Battant. Rue des granges, il ya un stickers tous les 3 mêtres, sur toutes les gouttières et les panneaux de signalisation. Ils redécorent évidement la vitrine du local de la France-Insoumise, ainsi que la devanture de la librairie anarchiste L’Autodidacte.

Mais les stickers n’ont pas fait long-feu, ayant croisé le groupe de néonazis, un camarade décide de tout décoller dans la soirée, ne laissant que quelques stickers trop haut et ceux autour du bar le Shake-Pint où malgré l’heure officielle de fermeture des bars quelques nazillons étaient encore attablés.

6/ Campagne législative et Croix gammée :

Mardi 31 mai, une affiche électorale du boulanger Stéphane Ravacley, candidat aux législatives 2022 sans étiquette investi par la Nupes à Besançon sous les couleurs d’EELV, a été recouverte d’une grande croix gammée noire et du mot « Nègre » ( voir article France 3 Région).

Stéphane Ravacley a porté plainte, la sphère politique s’est déclaré scandalisée, mais comme pour les dégradations des passage-piétons arc-en-ciel aucune personne n’a encore été interpelée (voir article de France Bleu ).

7/ Racisme et homophobie

Outre les autocollants habituels de la Cocarde, s’ajoute un autocollant anti-Macron dont on a du mal à interpréter le sens.

Que reproche la Cocarde à Macron ? De poser avec deux jeunes de Saint-Martin dont un anciens braqueur ? ou le coté gay-friendly dû au fait que les deux jeunes antillais soient torses nus? (voir article du Parisien) …et donc de ne pas être ni assez homophobe, ni assez raciste?…Mais alors, le bilan social et économique… la Cocarde n’a rien à dire à ce sujet ? Faut il croire qu’elle l’approuve?

Nota : Cette photo n’est pas sans rappeler celle prise lors de la fête de la musique à l’Élysée en 2018 et qui avait déjà fait polémique à l’extrême-droite, où le président macron posait avec les danseurs du DJ Kiddy Smile – voir article du Nouvel Obs)

8/ A l’Université, collage massif et armé

La Cocarde étant (soi-disant) un syndicat étudiant, il va de soi que ce groupuscule colle également dans les facs et sur le campus. Mais ces militants en profitent également pour coller des stickers appelant à voter Zemmour lors des présidentielles, et également des stickers néo-nazis des Vandal Besak : VDL BSK. Ce qui confirme (pour celleux qui auraient eu encore des doutes) que Cocarde , Génération Z et néo-nazis locaux sont intimement liés.

Rémi K, membre de la Cocarde et de génération Z, est photographié de nuit dans les locaux de la faculté de Lettres de Besançon, collant des autocollants pro-Zemmour. En zoomant au niveau de sa ceinture on aperçoit la poignée d’une bombe lacrymogène (publication Instagram de Génération Z du Doubs éffacée depuis – source l’Insoumission).

9/ Les suites du naziversaire du 27 août

Dans la nuit du 27 au 28 août, un véritable défilé néonazi a eu lieu dans les rues de Besançon. Saluts nazis, tapage nocturne du style « Besançon est national-socialiste », « Sieg Heil » (voir article CAB : Chants militaires allemands, saluts hitlériens, stickers SS …). Des autocollants marquent le sillage de ce défilé nocturne… il s’agissait de visuels “VDL BSK” , “Action Française“, ou de stickers incluant le symbole “SS“.

Suite à ce défilé, des antifascistes répliquent avec des affiches : « Pas de terrasses pour les fachos-Pas de fachos sur nos terrasses » – « Pas de terrasses pour les nazis-Pas de nazis sur nos terrasses« . Ces affiches ont été collées un peu partout, mais surtout à proximité des lieux fréquentés par les néo-nazis.

Si certaines de ces affiches ont été simplement dégradées, d’autres ont été recouvertes de croix celtique et de croix gammée.

9/ « Milites Christi » autour de la synagogue.

Fin novembre 2021, un unique stickers de l’Action Française est arraché en face de la synagogue quai de Strasbourg. Il est bon de rappelé que l’ Action Française n’est pas connue pour son philosémitisme. Quelques jours après, il est remplacé par un stickers « Milites Christi  » (Soldat du Christ – voir article StreetPress : Les nouveaux croisés d’extrême droite).

Si d’autres autocollants de ce type seront trouvés et arrachés dans Besançon (comme sur les locaux de RadioBip, voir ici), sans qu’ils ne soient remplacés, ce n’est pas le cas pour cet emplacement. Pendant plusieurs semaines, des autocollants « Milites Christi » seront retrouvés et arrachés à proximité de la synagogue. La fréquence de stickers d’inspirations identitaire, catho-royaliste et maurrassienne démontre une réelle provocation antisémite.

Bilan 2022

Affiches, tags, stickers, « white face » : jamais on n’aura vu en une année autant de haine s’exprimer sur les murs de Besançon.

Portés par les discours sécuritaires et identitaires des groupes politiques tel que Reconquête, le Rassemblement National mais aussi Les républicains et LREM, nos fachos locaux (même s’ils ne sont pas nombreux) se sont sentis pousser des ailes. Ils essaient de marquer leur territoire, de « posséder la rue ».

Car il s’agit plus d’un marquage de territoire que de propagande politique. Mis à part les stickers de l’Action Française qui contiennent un slogan anti-migrants ou anti-république, les autres stickers (VDL BSK, C9M, Cocarde) ne contiennent aucun message politique. Pire, ils n’utilisent pas les symboles néo-nazis et identitaires classiques (exception faite pour les stickers des Infréquentables Dijon, mais ce sont pas un groupuscule local) ce qui ne permet pas de les situer dans la fachosphère. Il n’y a que les tags croix celtiques, GUD et croix gammées peints sur les murs qui traduisent une radicalité politique et qui sont beaucoup plus explicites pour n’importe quel quidam.

A ces tentatives de marquage visuel du territoire, il ne faut pas oublier que ces groupuscules aiment montrer qu’ils sont là physiquement : agression lors du meeting du NPA, provocation lors du 1er Mai, provocation lors de la marche contre les violences faites aux femmes le 19 novembre, défilé nazi le 27 août (voir ici, ici, et encore ). Il faut également ajouter les séances de sports de combats qu’ils organisent entre eux régulièrement, et lors desquelles ils prennent la pose pour ensuite faire un post sur leurs réseaux sociaux.. un autre marquage de territoire.

Si pour certain-e-s, la médiatisation du « white face » a permis de découvrir qu’à Besançon il y avait encore des suprémacistes blancs. Pour nous qui suivons les péripéties de ces défenseurs de la race blanche depuis longtemps, la dégradation de la statue de Victor Hugo n’est que la dernière œuvre en date de ce groupuscule regroupant les membres de la Cocarde Besançon, de Génération Z, de la section locale de l’Action Française et des Vandal Besak qui n’ayant aucun discours politique à véhiculer publiquement (Zemmour, Bardella, Lepen et consorts le font trop dans les médias) sont dans une recherche identitaire de conquête physique de territoire en usant d’intimidations, de violences, de menaces, de provocations publiques et de marquages visuels…. une belle stratégie de bourrins.

Nota : La liste que nous avons faite n’est pas exhaustive, il y a forcément des oublis, car on ne nous fait pas forcément remonter tout ce qui se passe à Besançon. Mais si vous avez été témoin de ce type « d’expression » et si vous avez pris des photos, vous pouvez nous les transmettre par mail à cab@riseup.net .

Besançon – Marche contre les violences faites aux femmes : Nouvelle provocation de fascistes

Samedi 19 novembre, avaient lieu dans plusieurs villes de France des marches contre les violences faites aux femmes.

A Besançon, la marche de samedi marque le début d’une semaine consacrée à l’élimination de la violence à l’égard des femmes avec conférences, journée de sensibilisation dans certains lycées, etc jusqu’au 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.

Le rendez-vous a été donné à 15h, Esplanade des Droits Humains à l’appel de plusieurs associations féministes. Mais dès 14h30, l’Atelier Populaire de Besançon proposait un atelier de sérigraphie pour réaliser différentes pancartes à arborer lors de la marche.

Affiches sérigraphiées par l’Atelier Populaire

Il y avait donc déjà foule devant la mairie quand quatre membres de la Cocarde Étudiante et des Vandal Besak se sont pointés « en mode touristes » au sein même du rassemblement, faisant semblant d’être intéressés par l’atelier sérigraphie.

La nouvelle qu’il y a des fachos sur place circule rapidement. Certaines s’avancent et leur demandent ce qu’ils font là et leur prient de bien vouloir partir. Comme réponse, les fascistes rétorquent qu’ils ont tout à fait le droit d’être là, et si elles veulent les dégager ce sera à elles d’en assumer les conséquences… bref une menace viriliste à peine voilée, un comble pour cette journée de revendications contre les violences sexuelles et sexistes.

On commence alors à entendre « qu’ils dégagent les fachos ! » Un front de plus en plus dense se forme autour des quatre fascistes et la clameur devient plus forte. Le but est simple : les pousser sans violences physiques (mais pas sans violences verbales, faut pas déconner non plus) en dehors de la place.

La police nationale intervient alors rapidement, et sans bousculade elle raccompagne les quatre coqs de basse-cour vers l’entrée de l’esplanade. Ils y subiront un n-ième contrôle d’identité et seront invités à s’éloigner de la manifestation. Celle-ci pourra alors débuter dans un esprit conviviale avec chants et slogans féministes… Mais le cortège recroisera leur chemin un peu plus tard, rue des Granges: les fachos sont en terrasse, ils sont désormais six (deux de plus) et sont encadrés le temps du passage des manifestant-e-s par trois policiers armés.

A gauche Florent Gaillot des VDL BSK, au centre Théo Giacone de la Cocarde Étudiante, au moment de l’arrivée de la police nationale (image France 3 Bourgogne Franche-Comté)
Exfiltration des quatre fascistes par la police nationale (image France 3 Bourgogne Franche-Comté)

Ils se sont fait jetés (gentiment), ils se sont fait huer… et alors? Ils s’y attendaient certainement, car leur but est avant tout de rappeler leur présence.

Ils sont venus parader, dire que désormais nous devrons compter sur leur éventuelle présence et provocation. Aucun tract, aucun texte, aucun discours, juste montrer des muscles et une potentielle violence masculine (évidement).

Ils l’ont déjà fait une première provocation publique lors du 1er Mai de cette année ( voir : Cortège du 1er mai brièvement perturbé par la Cocarde Étudiante alliée avec un petit groupe de néonazis).

Comme c’est écrit, ça peut faire peur… mais leur action est tout de même assez pathétique. Si Théo Giacone (Cocarde Étudiante) et Florent Gaillot (VDL BSK) semblent sûr d’eux. On voyait bien que leur deux comparses (tous deux de la Cocarde Étudiante) semblent beaucoup moins à l’aise en public et devant la caméra de France 3 Bourgogne Franche-Comté (Besançon : « Dehors les fachos ! », 4 personnes exfiltrées de la manif violences faites aux femmes, vidéo YouTube).

Rappelons quelles sont les positions féministes de ces pitoyables abrutis qui souhaiteraient « créer une atmosphère de peur chez les gauchistes »:

  • Dijon le 31 janvier 2021, en marge d’une manifestation organisée par La Manif Pour Tous, une quinzaine de néonazis constitués par Dijon Nationaliste et les Vandal Besak attaque à coups de poings et de pieds les militantes féministes du Collectif 25 Novembre qui souhaitaient faire une contre-manifestation pacifique ( voir : A Besançon, à Dijon et ailleurs : le réveil de la peste brune)
31 janvier 2021, agression du collectif 25 Novembre à Dijon par Dijon Nationaliste et Les Vandal Besak

  • Printemps 2022, Besançon, lors de la campagne présidentielle, les collages féministes sont systématiquement arrachés et détruits par les militants de Génération Z dont font parti les militants de la Cocarde Besançon et certains Vandal Besak.

  • Et faut il rajouter que dans l’entourage proche des fascistes de ce samedi, on compte un ancien miliant de la cocarde qui fut condamné quand il était mineur pour séquestration et viol (voir : article Dijoncter,info), et qu’un militant de la Cocarde et de l’Action Française Besançon a déjà été condamné pour des violences conjugales.(voir : À Besançon, les royalistes espèrent un renouveau)

Bref…

« Qu’ils dégagent les fachos ! »

Besançon – Cortège du 1er mai brièvement perturbé par la Cocarde Étudiante alliée avec un petit groupe de néonazis.

Dimanche 1er Mai, fête des travailleurs et des travailleuses, jour de commémoration des évènements de Haymarket, le défilé revendicatif traditionnel a quitté la place de la Révolution depuis 30 minutes, quand par SMS, nous sommes informés qu’un petit groupe de 12 à 15 individus identifiés comme néonazis looké  » casual » a été aperçu se dirigeant vers le centre-ville.

Nous faisons donc remontrer l’information dans la manif afin que chacun-e reste vigilant-e. Nous avons tous et toutes conscience que ce genre d’individus en groupe peuvent être dangereux, l’actualité récente l’a maintes fois prouvé.

Remontant par la Grande-Rue, les individus en question ont devancé le cortège du 1er mai pour se scinder en deux groupes au niveau de la place du 8 Septembre (devant l’Hôtel de Ville).

Juste avant midi, alors que la manifestation arrive sur la place, un premier groupe, composé essentiellement des militants du syndicat étudiant la Cocarde (et certainement de militants de Génération Z), mené par le responsable local Théo Giacone (1), déploie une banderole « GAUCHOS COLLABOS » et allume des fumigènes. Mais très rapidement, il se replie vers la Grande-Rue suivi par les motards de la Police nationale, ce qui le rendra invisible de bon nombre de manifestant-e-s. Ils continueront néanmoins d’y gueuler pendant un temps leurs slogans : « Montjoie! Saint Denis! à bas la Macronie! » (2) et le toujours très classique xénophobe et raciste « On est chez nous! ». Mais la Police procède alors à un contrôle d’identité ce qui stoppera leur ardeur « anti-gauchistes ».

Théo Giacone allumant un fumigène devant la banderole déployée en façade de l’Hôtel de ville – image issue de la vidéo postée sur le net par la Cocarde Étudiante Franche-Comté
Les Militants de la Cocarde mis en retrait de la place du 8 Septembre, et encadrés par la police – en Harrington et T-shirt rouge : Théo Giacone
Contrôle d’identité des militants de la Cocarde – la banderole a disparu

Le second groupe dont on a reconnu certains des membres du groupuscule néonazi Vandal Besak, et qui devait certainement assurer la protection du premier groupe en cas d’agression « gauchiste », est resté sur la place quand ce dernier s’est replié Grande-Rue (contraint par la police?). Ils se sont alors rapprochés du cortège pour provoquer et menacer syndicalistes et militant-e-s d’extrême-gauche, prenant également en vidéo et en photo les personnes présentes dans le cortège… alors même que les policiers de la BAC n’étaient qu’à quelques mètres.

Indiqués par les flèches rouges, les membres des Vandal Besak et certainement aussi des membres des Infréquentables de Dijon

Prenant la confiance, trois d’entre-eux s’infiltrent dans le cortège et commencent à scander « Europe, Jeunesse, Révolution »… Leur délire n’a pas duré que quelques mètres (jusqu’à l’intersection de la Grande-Rue et de la rue du Palais de Justice) : ils se sont fait huer… Le cortège a hurlé « Dégagez! » et « Pas de fachos dans nos quartiers! Pas de quartier pour les fachos! ». Une partie du cortège s’arrête pour contraindre à quitter le cortège les trois néonazis qui jouaient la provoc’. Des insultes ont fusé, l’Internationale fut chantée, »Siamo tutti antifascisti ! » scandé en chœur , et en point final : un crachat fut lancé sur la gueule de l’un des néonazis (apparemment un membre des Infréquentable de Dijon). Aucune violence sinon verbale.

A gauche les néonazis continuant à provoquer alors qu’ils se font refouler du cortège, l’un d’eux continue à filmer les manifestant-e-s – A droite, les résultats du crachat

C’est à ce moment que la Police déjà présente sur place depuis plusieurs minutes décide d’intervenir et d’écarter les néonazis loin de la manif. Une fois ces indésirables dégagés, le cortège put reprendre son cours.

Les policiers s’occupent de raccompagner les néonazis loin du cortège. Sur cette photo publiée dans l’Est républicain, on remarque que le militant néonazi porte sur son pull un autocollant des Infréquentables-Dijon Offender représentant l’insigne de la 3e division Waffen SS Totenkopf, tristement connue comme étant celle s’occupant des camps de concentration et d’extermination nazis.

Suite à cette perturbation, dont beaucoup de manifestant-e-s n’ont appris le déroulement qu’en lisant la presse locale du lendemain (il y avait entre 1500 et 2000 personnes pour ce défilé du 1er mai, la perturbation n’a concerné qu’une toute petite partie du cortège), certaines cellules syndicales se posent désormais la question de la nécessité ou non d’un service d’ordre lors des prochaines manifestations. Effectivement, la dernière campagne électorale a été marquée par de nombreuses agressions provenant de militants d’extrême-droite (Reconquête ou Cocarde Étudiante) souvent alliés à des groupuscules néonazis. On peut citer en exemple les Zouaves Paris qui ont agressé le militant-e-s de SOS Racisme à Villepinte lors du Meeting du candidat Zemmour (3), ou plus localement l’agression d’un sympathisant NPA lors du meeting de Philippe Poutou au Kursaal de Besançon (4),… d’ailleurs l’agresseur était présent ce dimanche parmi le groupe constitué des Vandal Besak. .

Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas vu à Besançon des militants néonazis venir se confronter d’aussi près, en tant qu’opposants, à une manifestation sociale. La campagne pour la présidentielle a été marquée par les discours identitaires, racistes, xénophobes et haineux et malgré les résultats pitoyables de Marine Lepen et surtout d’Eric Zemmour à Besançon, les résultats nationaux ont fait pousser des ailes à ce genre de groupes radicaux pour qui la violence est une suite logique aux paroles de leur leader.

Si lors de notre article de janvier (voir ici), nous nous posions encore la question de savoir si la Cocarde Étudiante était en lien avec le groupuscule néonazi Vandal Besak, ce qui c’est passé ce 1er Mai nous en fournit la réponse (sans grande surprise).

Mais si l’action de ce groupe fasciste n’a été finalement qu’une perturbation presque anecdotique dans le déroulement globale de la journée, elle démontre bien que l’extrême-droite malgré les discours de propagande populiste dont les clans Zemmour et Lepen ont abreuvé les médias lors de ces derniers mois, ne sera jamais du coté de la classe ouvrière. Draguant en un temps le vote populaire, aigrie par les résultats des scrutins, la défaite lui redonne son vrai visage méprisant.

Attaquer le cortège de 1er Mai, c’est attaquer plus qu’un symbole. C’est remettre en cause tous les acquis sociaux que le peuple a conquis par la rue; c’est remettre en cause notre droit d’exprimer collectivement et librement nos colères, nos revendications et nos inspirations; c’est également attaquer notre droit de ne pas vouloir se plier aux choix des urnes. Bref c’est s’attaquer à notre volonté de ne jamais plier devant n’importe quel pouvoir même légitimement élu, et on comprend que cela gène l’extrême-droite dans son ensemble que nous ne soyons pas les moutons dociles qu’elle souhaiterait.

(1) A propos de la section Bisontine de la Cocarde : article de janvier 2022

A propos de Théo Giacone : Il fut également candidat Rassemblement National lors des dernières élections départementales, mais suite à divers articles le concernant dénonçant ses accointances avec la mouvance néo-nazie locale (voir article sur Fafwatch), il quitte le RN début 2021 et rejoint Reconquête, le parti d’Eric Zemmour.

(2) France Bleu : Emmanuel Macron giflé, que signifie Montjoie! Saint-Denis! l’expression criée par son agresseur?

(3) Streetpress.com : Qui sont les Zouaves, le « groupuscule de combat » derrière le lynchage des militants de SOS Racisme

(4) A propos de l’agression lors du meeting du NPA : article de mars 2022

Besançon – le meeting de Philippe Poutou attaqué par des néonazis

Depuis le meeting de Zemmour à Villepinte le 5 décembre, et l’agression menée par le groupuscule néo-nazi Les Zouaves envers les militant-e-s de SOS-Racisme, il semblerait que les milices d’extrême droite se sentent pousser des ailes; comme le prouvent les récentes agressions qui ont eu lieu ces deux dernières semaines : à la maison des syndicats de Strasbourg le 25 février (voir article Rue89 Strasbourg), à Rennes le 23 février (voir article d’ Expansive.info), le 22 février à Aix En Provence, un étudiant est attaqué lors d’une distribution alimentaire (voir article de La Marseillaise).

Hier soir, c’est à Besançon que nos fachos locaux ont frappés. Notre camarade Toufik de Planoise qui se trouvait sur place, au meeting électoral de Philippe Poutou candidat du NPA, décrit l’évènement dans un article paru sur le média Kawa TV (Besançon – le meeting de Philippe Poutou attaqué par des néonazis), et que nous reprenons ci-dessous…

Alors que candidat anticapitaliste haranguait les foules ce mardi 9 mars à Besançon, une formation ultranationaliste a tenté de s’attaquer à son meeting. La soirée n’aura finalement pas souffert de l’incident : les mis en cause, peinant à violenter un participant plus résistant que prévu, ont préféré fuir à l’arrivée de la sécurité. Deux suspects ont toutefois été identifiés, le premier étant membre d’un groupuscule néonazi et le second militant actif de Génération Zemmour. Un assaut qui survient quelques jours après un précédent, impliquant les mêmes individus cette fois à la sortie d’une réunion Mélenchoniste… quid d’une chasse aux « gauchistes » dans la capitale comtoise ?

« Ils étaient venus pour en découdre. »

Hier au kursaal de Besançon, l’effervescence était de mise. Plusieurs centaines de personnes se sont massées au sein du bâtiment, afin de vibrer avec Philippe Poutou. Discours, applaudissements, rigolades, tout se passe pour le mieux. Jusqu’au moment où Alex sort quelques instants afin de téléphoner, aux environs de 21h30. Sept individus font subitement irruption et s’approchent du parvis principal, commençant à arracher les visuels disposés pour baliser l’événement. Le jeune homme, surpris, leur demande ce qu’il leur prends d’agir ainsi. Un protagoniste se détache en lui demandant «t’aimes Poutou ?», ce à quoi il réponds par la positive.

Pour seule réaction, il recevra des menaces et l’ordre de «manger l’affiche.» Il refuse. Immédiatement, les coups pleuvent. «J’ai réussi à me reculer, à enlever mon manteau, puis à me mettre en position de garde. Mon agresseur m’a alors exhorté à poursuivre le combat dans un coin isolé des caméras et des regards, m’indiquant qu’il ne voulait pas être filmé ou dérangé. Bien sur, j’ai décliné. Il a poursuivi les crochets, a tenté de me faire tomber. Sans succès. C’est à ce moment là que la sécurité est arrivée, et qu’il a fuit avec le reste de sa bande. Ils étaient venus pour en découdre.» Sollicités, les services de police sont dépêchés pour prendre les fuyards en chasse.

Cocarde Étudiante, Génération Zemmour, Vandal Besak…

Un membre du NPA raconte : «Dès que nous avons compris ce qu’il se passait, nous sommes intervenus. Fidèles à leur réputation, les nazillons ont pris leurs jambes à leur cou. Nous avons pris en charge le camarade, et nous nous sommes assurés qu’il allait bien.» Alex pâtit d’hématomes et de tuméfactions, mais n’est pas gravement blessé. À l’intérieur rien ne filtre de ce qui vient de se produire, beaucoup n’apprenant les tenants et aboutissants de cet incident que bien après. Une actualité qui choque et scandalise, même chez les soutiens les moins fervents du trotskysme. «C’est la démocratie qu’on attaque», lance par exemple un social-démocrate.

Mais place du Théâtre, on s’active sans tarder à recouper les premiers éléments disponibles. Il s’avère que les auteurs présumés n’ont pas hésité à signer ostensiblement leur opération, des autocollants de la Cocarde Étudiante, de Génération Zemmour, et des Vandals Besak ayant été collés dans les parages par leurs soins. Surtout les deux principaux auteurs ont été rapidement identifiés par un témoin direct, vite corroboré par plusieurs autres : il s’agit d’Alexandre Meuret et de Théo Giacone, le premier ayant été interpellé et placé en garde-à-vue, quand le second s’était vanté le jour-même de son futur forfait dans une allusion à peine voilée sur Instagram.

Une agression similaire quelques jours plus tôt.

Néanmoins ces brutalités ne sont pas inédites. Le mardi 1er mars sur le même site, c’est « l’Union Populaire » qui proposait un rendez-vous électoral, notamment avec François Ruffin, Leïla Chaibi et Sébastien Jumel. Accompagné de plusieurs connaissances, j’étais aussi parmi les spectateurs. Si dés le début j’ai remarqué et signalé l’entrée de trois partisans d’ultra-droite, ceux-ci se sont engagés à ne pas faire d’esclandres et s’y sont tenus. Je suis parti à la fin de soirée vers 22h45, accompagné d’une amie. Quinze minutes plus tard place Louis Pasteur, nous avons croisé une formation de cinq personnes. C’est là que cris, pistage, puis menaces se sont abattus.

En tant qu’instigateurs, on retrouvait, enivrés, Alexandre Meuret et Théo Giacone. Ils promettent, longuement, de me « péter la gueule » lorsque les circonstances le permettront. En étant au cœur de la Grande-Rue, le réseau de vidéosurveillance a sans doute calmé l’ardeur des intéressés. Pour cette fois. Mais ceux-ci furent visiblement très au fait des mes allées et venues, comme le confirme un tiers. « Je connais un des membres du trio qui était dans la salle, il m’a demandé dans l’après-midi si tu allais venir. » Tous naviguent dans la fachosphère, des clichés les faisant apparaître avec… Meuret et Giacone. Préméditation et guet-apens ne font guère de doute.

Meuret et Giacone, bis repetita.

Concernant le parcours des lieutenants, il s’inscrit pleinement dans ce panorama. Alexandre Meuret, vingt-quatre ans, est un militant des « Vandal Besak », groupuscule paramilitaire néonazi impliqué dans de nombreuses exactions dans la région. Sur les réseaux sociaux, ses photographies alternent poses avec une réplique d’arme de guerre et archives bucoliques de soldats nazis en détente dans la capitale comtoise (voir ici). Quant à Théo Giacone, vingt-deux ans, il fut un cadre du Rassemblement National, avant d’en être viré pour ses amitiés sulfureuses, dont avec le précédent. Il a depuis rallié Zemmour et la Cocarde Étudiante, suscitant la controverse au sein de l’Université de Franche-Comté.

Ces deux affaires illustrent-elles les balbutiements de commandos, structurés, organisés, préparés, visant à instituer des « expéditions punitives » et autres « chasses aux gauchistes » sur Besançon ? En tout cas, les velléités en la matière ne sont malheureusement pas nouvelles. Les « Vandal Besak » étaient dernièrement engagés dans le mouvement d’opposition au passe sanitaire, avec des dossiers déjà entamés les 17 juillet et 14 août 2021. L’instruction, toujours ouverte, court depuis désormais près de huit mois, malgré les preuves flagrantes et multiples. Le Procureur de la République, Étienne Manteaux, veut t-il seulement considérer ces infractions avec gravité ?

À propos de la section bisontine de la Cocarde Étudiante.

Nota : Cet article aurait du être publié en octobre 2021, mais il a été plusieurs fois remanié au fil de l’actualité. Et des mises à jours ou des corrections lui seront certainement apportées dans l’avenir.

Faisons un petit bond dans le passé…Début de matinée mouvementée pour quelques camarades ce jeudi 9 septembre… en partant au boulot, iels remarquent que durant la nuit des dizaines d’affiches et des centaines de stickers au couleurs Bleu-Blanc-Rouge signés « La Cocarde Étudiante » ont recouvert les murs du centre ville. Iels seront donc en retard à leur travail car iels prennent soin de nettoyer leurs rues et leurs quartiers. Évidement tout ne sera pas nettoyé en une seule matinée, plus tard dans l’après-midi d’autres camarades se chargeront de débusquer les stickers oubliés (des stickers de très bonne qualité qui ne se déchirent pas en plusieurs morceaux quand on les décolle… un vrai plaisir.)

Mais au moment où les militants cocardiens postent sur twitter (jeudi soir) les photos de leur collage nocturne, le centre ville de Besak a déjà tout oublié de leur passage.

Ce fut donc, au matin du 9 septembre que nous apprenions la création d’une section de la Cocarde Étudiante Bourgogne-Franche-Comté.

Qu’est ce que la Cocarde ?

Syndicat étudiant, la Cocarde Etudiante a été créée par des étudiants issus de la Droite Populaire (courant proche de l’UMP, puis du Front National). La Cocarde souhaitait rassembler les différents courants souverainistes au sein de l’université tout en refusant l’étiquette d’extrême droite.

Mais les conférences qu’elle organise en invitant des personnages tel que Jordan Bardella, Marion Maréchal, Jean-Frédéric Poisson, Alain de Benoist et Jean-Yves Le Gallou, démontrent rapidement son orientation affirmée vers une extrême droite plus radicale. De plus la Cocarde ne cache pas ses liens avec l’Action Française ou Génération Identitaire, puisque certains membres y sont/étaient également militants.

Tout comme l’UNI (autre syndicat étudiant proche de LR), La Cocarde Étudiante se positionne contre les blocages de facultés en allant jusqu’à la confrontation physique avec les militants adverses (UNEF, Solidaires Etudiant-e-s). La Cocarde milite pour la sélection à l’entrée à l’université en remettant en cause l’égalitarisme républicain. Elle met en opposition étrangers et « nationaux ». Elle souhaite en finir avec le « gauchisme culturel » dans les facultés, le « péril migratoire » et le « changement de peuple », termes qui renvoient à la théorie du « grand remplacement » très en vogue à l’extrême droite. Elle affirme également lutter contre « l’islamo-gauchisme », le « wokisme » et la « Cancel Culture ». On aperçoit aussi certains de ces militants auprès de ceux de la Manif-Pour-Tous lors des rassemblements anti-PMA/GPA.

Collage à Belfort contre l’ « islamo-gauchisme »

Créée en mai de cette année, à partir d’un noyau d’étudiants basés sur Belfort, la Cocarde Franche-Comté, comprend depuis septembre sa section bisontine. À la manœuvre, on retrouve deux membres notoires issus du Rassemblement National local, et de Génération Nation (la nouvelle formule des FNJ) : Théo. G et Jean-Baptiste B. Tous deux étaient sur les listes présentées par le RN lors des derniers scrutins municipaux, départementaux, et régionaux.

Afin d’exister, la petite organisation a misé sur la communication basique d’un groupe dont les militant-e-s sont issu-e-s du RN : un compte Twitter et une page Facebook (déjà existante et liée à l’origine à la section de Belfort) qui seront alimentés par l’actualité du parti à défaut d’actions locales régulières, et quelques collages au centre-ville de Besançon (qui ne tiendront pas une journée).

Manœuvre électoraliste ?

Lors d’une première mouture de cet article début novembre, nous avions cru à une manœuvre électoraliste du RN. Puisque plus de 80% des jeunes (18-30 ans) ne se sont pas rendus aux urnes lors des dernières élections de 2020 et 2021 (ifop : abstention aux-régionales, manifestation spectaculaire de la crise de foi républicaine), et alors que les présidentielles approchent, la mise en place d’une section bisontine de la Cocarde par des étudiant-e-s encarté-e-s au Rassemblement National nous apparaissait comme une manœuvre du parti lepeniste pour essayer de séduire les primo-électeurs que sont les étudiant-e-s.

Avions nous tort de le penser ?

De prime abord, on pourrait le croire, car au moment où nous allions publier nous constatons que tout comme au niveau national, il y a au niveau local quelques bouleversements qui ébrèchent notre vision monolithique de la Cocarde bisontine. Et ce bouleversement s’appelle Zemmour…

Jean Baptiste B. qui était militant à Génération Nation (les jeunes du Rassemblement National) rejoint durant l’automne le camp Zémmourien (zémmouriste?!). Et il se peut qu’il ne soit pas le seul à faire défection dans le camp mariniste.

La section franc-comtoise de la Cocarde Étudiante ressemble donc à toutes les autres sections, elle rassemble des militant-e-s des différentes familles et partis de l’extrême droite…

Syndicat œcuménique ?

Cet automne, la lecture de la page twitter de la Cocarde Étudiante Bourgogne Franche-Comté (tout comme celle de la Cocarde parisienne) rendait compte de cet œcuménisme extrême-droitard. Des twits provenant des membres du RN se mélangeaient à ceux venant de Philippot ou de Debout La France, auxquels il faut désormais ajouter ceux de Zemmour, ainsi que ceux provenant d’anciens du FN mais toujours bien présents dans la fachosphère comme Marion Maréchal, Jean Messiha, ou Julien Rochedy.

Mais pour une association qui se réclame d’un syndicalisme étudiant, on y lit très peu d’articles concernant les étudiant-e-s, leurs problèmes, ou la vie universitaire en général… Par contre l’accent est mis sur les leitmotivs habituels de l’extrême-droite : sécurité, immigration et perte des valeurs civilisationnelles.

À la veille d’élections présidentielles, créer un groupe accueillant des personnes militant dans des organisations politiques qui refusent officiellement tout accord électoral entre elles (RN, les Patriotes et Zemmour) cela ne relève-t’il pas de la gageure?

C’est ce que laisserait supposer la suppression début décembre de la page twitter de la Cocarde Étudiante Bourgogne Franche-Comté (cocarde_bfc) et son remplacement par une page twitter Cocarde Franche-Comté (cocarde_fc) qui ressemble à la première page twitter mais purgée de tous les twits non-issus du RN ou de ses sympathisants.

Nous n’avions donc pas totalement tort concernant l’influence des militant-e-s RN sur ce syndicat.

Donc en ce début d’année, les militant-e-s RN ont, semble-t-il, repris le dessus dans la gestion de la section locale de la Cocarde. Ce qui reconfirmerait alors ce que l’on craignait en septembre : que le RN pourrait utiliser ce syndicat pour séduire les primo-électeurs que sont les étudiant-e-s durant les campagnes électorales à venir en diffusant sur les campus universitaire sa propagande nationaliste.

Et les élections universitaires ?

Évidement les élections universitaires sont dans la ligne de mire de n’importe quelle organisation étudiante. Mais le peu d’étudiant-e-s votants lors de ces élections handicape les syndicats peu connus et les nouvelles formations, laissant la FAGE et l’UNEF toujours sur le podium.

Présents dans plus d’une dizaine d’université, la Cocarde n’a pu présenter de listes qu’à Paris et à Lyon. Concernant l’Université Bourgogne Franche-Comté, la Cocarde n’a heureusement pas su (ou n’a pas voulu…?) mobiliser assez de militants pour déposer une liste (élections de décembre 2021). Et il ne fallait surtout pas compter sur la section dijonnaise qui malgré un effectif conséquent en 2020-2021, est aux abonnés absents depuis l’été 2021 (leur page Facebook et le compte Twitter ne sont plus alimentés.)

La Cocarde Bourgogne Franche-Comté c’est Besançon, Belfort et … Dijon

Localement (Besançon) le tapage ne semble pas porter ses fruits, malgré le soutien de Jacques Ricciardetti (le leader bisontin du RN et conseiller régional auprès de Julien Odoul). Les rares autres bras engagés (4 ou 5 personnes) sont, pour l’instant, tous issus du mouvement Lepeniste, et sont disséminés sur la région. Le recrutement de nouveaux militants semble être très laborieux, et la Cocarde Besançon semble stagner en effectif. Seule la section de Dijon, plus ancienne, était arrivée à faire modestement ses preuves, en étant ancrée depuis janvier 2020. Mais comme nous l’avons écrit à peine plus haut, et même si on a vu des militants dijonnais présents au meeting de Zemmour à Villepinte, on ne sait si la Cocarde Dijon est encore active.

Néanmoins, il est bon de rappeler que dans la capitale des Ducs, la Cocarde a entretenu avec d’autres groupes radicaux des liaisons dangereuses pas si étonnantes que cela :…

La Cocarde : Du RN aux néonazis

– Le 10 octobre 2020 lors d’une manifestation anti-PMA-GPA organisée par la Manif-Pour-Tous, on retrouve les militants de la Cocarde Dijon auprès des groupuscules néonazis Vandals Besak et Bourgogne Nationaliste. Plus tard dans la journée ils poseront ensemble pour une photo qui sera publiée sur la page Telegram de Ouest Casual.

10 octobre 2020 – Dijon : Les militants de la Cocarde Dijon avec un membre de Bourgogne Nationaliste à gauche
10 octobre 2020 – Dijon : Les militants de la Cocarde Dijon reconnaissables grâce aux stickers, et aux vêtements qu’ils portaient sur la photo précédente avec les membres de Bourgogne Nationaliste et des néonazis Bisontins Vandals Besak (VDL BSK)

– le 31 janvier 2021, également pour une manifestation anti-PMA-GPA, on retrouve Alexandre Hinger, le responsable de la Cocarde Dijonnaise, auprès de Benjamin Lematte, ancien du Front National, puis du PDF et désormais leader du groupuscule néonazi Bourgogne Nationaliste. Peu avant cette photo, Benjamin Lematte et ses sbires de Bourgogne Nationaliste aidés par les Vandal Besak ont agressé les militantes féministes du collectif 25 Novembre ( voir article du CAB à ce sujet).

31 janvier 2021 – Dijon – Les militants de la Cocarde posent avec Benjamin Lematte (en veste Lonsdale)

Mais cette relation entre Cocarde Étudiante et groupuscules néonazis violents est elle surprenante ?… Pas vraiment quand on regarde ce qui c’est déjà produit dans d’autres régions.

En effet, il se trouve que la Cocarde Étudiante est également connue à l’échelle nationale pour ses actions coups de poings en connivence avec des ultranationalistes, néonazis, identitaires, ou royalistes :

Il reste à savoir si de tels liens existent également localement entre la Cocarde Besançon et des groupes radicaux violents, même s’il semblerait que la violence est dans les gênes de ce syndicat, ou si l’organisation étudiante n’est qu’un outil de propagande du RN visant les étudiant-e-s en périodes électorales et que la création d’une section bisontine ne relève pas davantage du marche-pied électoraliste et médiatique que d’une véritable volonté d’implantation.

A quelques mois des élections présidentielles, entre tags racistes et homophobes, stickers de groupuscules d’extrême-droite violents, tentatives néonazies d’infiltrations dans les rassemblements contre le passe-sanitaire, les différents mouvements d’extrême-droite se font de plus en plus visibles à Besançon (voir article de France 3 région Bourgogne Franche-Comté).

Les loups sortent du bois, et la Cocarde Étudiante est un groupe parmi d’autres. A nous de rester vigilant-e-s.

En cette nouvelle année qui commence, nous souhaitons à la Cocarde Franche-Comté une prompte disparition, et un oubli rapide.

PS : Némésis Besançon

En parallèle à la création de la Cocarde Franc-Comtoise, est apparue une section locale du collectif Némésis, le groupe féministe d’extrême-droite (voir ici, et encore ) qui voit en chaque immigré un violeur ou un assassin potentiel. Pour l’instant, les deux militantes bisontines ne peuvent se vanter que de 3 stickers sur des gouttières…